COCEBI, l’humain au coeur !

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Coopérative 100% bio de 230 adhérents, la COCEBI est spécialisée dans les métiers du grain dans l’Est de la France.

Que produisez-vous ?
« Des céréales, des légumineuses et des oléo-protéagineux, pour l’alimentation humaine mais aussi animale. »
Pourquoi avoir rejoint le label ?
« Avec Bio Équitable en France nous prenons soin de nos paysans adhérents en faisant du bon commerce ! »
Pourquoi c’est bon pour les paysan-ne-s, la planète et ma santé ?
– une diversité de variétés cultivées, pour enrichir le sol et la biodiversité
– une coopérative créée et gérée par les agriculteurs, qui contribue à l’emploi local
– des céréales et légumineuses riches en fibres et minéraux

Plus d’informations : https://www.cocebi.com/
Témoignage de Marc Billotte, EARL Marc Billotte, Ravières, Yonne 

Qui êtes-vous ?

Marc, j’ai 39 ans, je suis agriculteur depuis 2010. J’ai une formation d’ingénieur agroalimentaire et j’ai travaillé dans la meunerie et dans la boulangerie en France et en Italie avant de reprendre la ferme familiale. Dès la reprise je suis passé en bio avec cette envie de valoriser au mieux les productions, et j’ai rejoint le groupement COCEBI en 2015, au sein duquel je suis administrateur.

Que produisez-vous sur la ferme ?

C’est une ferme céréalière. Mon père avait 150 hectares et j’ai récupéré 50 hectares de mon grand-père. Ce sont de petites parcelles, qui n’ont pas été remembrées depuis 1950, donc le paysage est plus joli mais c’est plus compliqué pour travailler.

Je cultive du blé, du petit épeautre, des lentilles vertes et noires, des pois chiches, des graines de lin, du tournesol, du soja, du sarrasin, de la luzerne, de l’avoine, des féveroles et des pois.

Depuis l’an dernier je développe la transformation sur la ferme, j’ai installé un atelier de mouture et je me suis lancé dans la production de farines pour faire le lien avec ce que je faisais avant. Je fais des farines de blé T80, intégrale, de la farine de petit épeautre et de sarrasin, que je vends aux alentours du village, surtout pour un boulanger qui est à une trentaine de kilomètres et qui fait de très bons pains ! Ça me plait beaucoup d’être en contact avec les boulangers, mon ancien métier me manquait.

Combien de personnes travaillent avec vous ?

Je suis tout seul, mon père m’aide encore de temps en temps mais j’aimerais embaucher quelqu’un à temps plein avant l’été prochain.

Que faites-vous en ce moment sur la ferme ?

Cette année on a eu une année chargée, les moissons étaient tardives donc tout s’est précipité. J’ai terminé la moisson de soja, la préparation des sols, et j’ai quasiment fini les semis, il me reste une douzaine d’hectares. Pour le semis il faut être bien organisé pour optimiser son temps, c’est toute une logistique, il faut préparer les semences, les amener au pied du champ, remplir le semoir… pour pouvoir semer 3 ou 4 hectares à l’heure.

Les semences ça prend aussi beaucoup de temps car je les produits moi-même sur la ferme, il faut donc vérifier la germination, les préparer etc… Lorsqu’on sème derrière la luzerne ça permet d’avoir un champ plus propre et d’en récupérer pour les semences. Je fais aussi des mélanges variétaux pour voir ce qui fonctionne le mieux, ça permet aussi de trouver des mélanges les plus adaptés au champ, et à la panification.

« Faire partie d’un label plus exigeant sur le plan de la rémunération mais aussi de l’environnement ça permet de nous sécuriser, en se démarquant. »

Quels sont vos projets ?

Mon gros projet c’est d’embaucher un salarié. Je veux sécuriser ma ferme et être serein de ce côté-là, ça m’est déjà arrivé de me casser la jambe à quelques mois de la moisson et je me rends compte que ce n’est pas raisonnable, l’embauche devient nécessaire à la fois pour sécuriser la ferme et pour me permettre d’avoir plus de temps libre à consacrer à ma famille.

J’aimerais également développer le moulin et peut-être envisager une deuxième transformation comme la fabrication de brioches de temps à autre si j’arrive à me dégager du temps, ça me plairait bien. Actuellement mon moulin ne tourne que deux jours par mois pour la farine.

Quelles sont les pratiques agroécologiques que vous mettez en place ?

Depuis 2010 ma ferme n’a reçu aucun apport extérieur, que ce soit en engrais organiques ou minéraux. Je ne suis pas trop exigeant sur les rendements d’autant que ça se passe bien d’un point de vue économique. Personnellement je souhaite continuer à me passer d’apport extérieur tant que cela fonctionne bien. La luzerne que je plante me permet de nettoyer et d’enrichir les sols, je la broie et la restitue au sol.

Je fais des associations de cultures, comme le blé avec la féverole, c’est un mélange qui fonctionne bien et que je fais depuis 4/5 ans, ça permet de développer la biodiversité dans le champ. En contrepartie ça demande de trouver un équilibre entre le semis de la féverole qui nécessiterait d’être plus enterré que le blé, et de trouver un compromis sur les récoltes, mais le triage se passe plutôt bien car le blé est petit et la féverole assez gros. Je mets environ 50% de blé, ça permet aussi d’avoir une densité moins importante et donc moins de développement de maladies. Un blé qui a plus d’espace pour se développer a également une meilleure qualité, avec un taux de protéines qui passe de 0,5% à 1%. En plus de ne pas faire de monoculture, les plantes mellifères comme la féverole améliorent la structure du sol car les racines descendent davantage dans le sol. Le mélange de cultures c’est aussi une sécurité, la féverole peut disparaitre mais le blé ira bien. La féverole est une légumineuse qui sert à l’alimentation du bétail.

J’aimerais également planter des arbres pour faire de l’agroforesterie sur quelques parcelles, mais c’est assez compliqué pour moi car mes parcelles sont petites et imbriquées, et je ne peux pas planter des arbres sur des parcelles qui ne m’appartiennent pas. Cependant, nous avons quand même un paysage diversifié avec un territoire assez vallonné entouré de forêts.

Quelle est votre vision de l’agriculture bio ?

Je dois dire qu’au départ je n’étais pas convaincu plus que ça par le bio… ça m’arrivait d’en consommer de temps en temps mais je n’étais pas persuadé de pouvoir en vivre en tant qu’agriculteur. Je me voyais bien être dans un intermédiaire, en gardant une productivité mais en me donnant la possibilité de traiter de temps en temps. J’ai été très surpris en visitant une exploitation bio… j’avais des a priori sur les contaminations des champs sans traitement, et la personne que j’ai rencontrée m’a permis de me rendre compte que le bio révèle moins de toxicité de manière générale, et qu’on peut obtenir de bons résultats sans pesticides. Je dois dire que maintenant ma conviction est totale en tant qu’agriculteur et consommateur.

En quoi est-ce important pour vous de faire partie d’un label comme Bio Équitable en France ?

Pour l’instant les prix sont plutôt porteurs en bio mais je pense que nous allons avoir besoin d’être plus exigeants que le label bio européen pour conserver un bon niveau de valorisation. Faire partie d’un label plus exigeant sur le plan de la rémunération mais aussi de l’environnement ça permet de nous sécuriser, en se démarquant.