BIO ORB PPAM : construction d’une filière bio de Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales

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Au nord de Béziers dans le département de l’Hérault se trouve le Pays du Haut Languedoc et Vignobles. Au cœur de ce Far West de l’Hérault, 29 paysannes et paysans se sont rassemblés il y a quelques années pour créer le groupement BIO ORB PPAM.

L’objectif ? Créer et structurer une filière Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales (PPAM) en agriculture biologique.

Pourquoi avoir rejoint le label Bio Equitable en France ?

« Pour la vision d’avenir et la structuration d’une filière émergente dans la zone. Tout est nouveau, tout est à inventer, tout est à structurer : faire partie du label nous permet de maintenir un prix de vente et donc de faire tout ce travail. »

Quels sont les produits labellisés Bio Equitable en France ?

« Immortelle, Thym, Romarin et Laurier sont cultivés pour produire des huiles essentielles et hydrolats. »

Où trouver ces produits ?

Sur les marchés de la région, en magasins Biocoop avec la marque Terra Etica et en grandes surfaces avec la marque Ethiquable.

Pourquoi c’est bon pour la planète, les paysan-ne-s et ma santé ?

– cultures de plein champ sur des anciennes friches, dans le respect de nos critères biologiques et agroécologiques

– cultures adaptées au territoire, qui préservent les ressources en eau

– emplois qui soutiennent l’économie locale et luttent contre l’isolement en milieu rural

– huiles essentielles et hydrolats sont bonnes pour votre bien-être, votre santé et votre beauté

bio orb ppam
Témoignage de Jean-Michel Bedoya, SCEA Les terres de Sauteyro,
St Vincent d'Olargues, Hérault - Groupement BIO ORB PPAM

Qui êtes-vous ?

Jean-Michel, je viens d’arrêter mon emploi pour rejoindre ma femme qui est paysanne déjà depuis un moment, mais nous ne sommes pas vraiment du milieu, elle travaille à la mairie et moi je travaillais dans la restauration. Son père était vigneron, elle a hérité de friches autour de la maison, on a arraché les vignes, commencé à installer des moutons… on a débuté en 2015 avec 40 ares puis on s’est agrandis, aujourd’hui on a 4 hectares et demi. On s’est lancés dans les plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) grâce à Bio ORB PPAM.

Que produisez-vous sur la ferme ?

Essentiellement de l’Hélichryse, qu’on appelle l’Immortelle, environ 2 hectares et demi, du Romarin et du Thym. On a aussi une trentaine de moutons qu’on vend en agneaux. En tout nous avons une trentaine d’hectares, on fait du foin aussi qu’on donne à nos moutons, ça nous permet d’être autonomes et de ne plus l’acheter.

Quelles sont les périodes de plantation et de récolte des PPAM ?

On plante soit à l’automne soit au printemps selon la variété. On privilégie les plantations en automne car cela permet de bénéficier des pluies. L’Immortelle est récoltée fin juin/début juillet. Le Thym au printemps, et pour le Romarin c’est octobre et février. La plupart est récoltée grâce à une machine mais nous avons aussi des terrains escarpés et parcelles que nous récoltons à la main.

Parcelle d’Hélichryses en agroforesterie, avec des grenadiers.
Éloignée des routes carrossables, son accès y est difficile.
Lieu dit Sauteyro, Saint Vincent d’Olargues (34).

Comment sont produites vos plantes ?

Nous ne faisons aucun traitement, pour l’instant nous n’avons aucun souci de maladies. C’est juste énormément de désherbage, de débroussaillage et d’arrachage autour des plants. On évite d’arroser, on essaie de gérer cela par rapport à l’environnement.

Que faites-vous en ce moment sur la ferme ?

On a fini la récolte d’Immortelles il n’y a pas si longtemps car c’était plus tardif cette année. Maintenant on désherbe, nous avons beaucoup de désherbage à la main. Les moutons sont dans des parcs tournants, ils n’aiment pas vraiment cette période car ils souffrent de la chaleur, la journée ils sont dans des abris naturels et ils sortent la nuit pour manger. On les vend en circuit court, on fait quelques marchés. Les moutons permettent aussi d’entretenir les terrains. Ça aide un peu sur le désherbage, mais pas sur tous les plants et pas à tout moment, car ils aiment bien manger le Romarin par exemple !

Quels sont vos projets ?

On souhaite agrandir le troupeau et les surfaces de PPAM. En septembre on va mettre 1 hectare de Lavandin et en novembre 1 hectare de Romarin. On va essayer pour la première fois de planter le Romarin avec des racines à nues, d’habitude on plante avec des mini-mottes (ndlr : comme des godets) mais avec les racines à nues ça devrait permettre de gagner une année de culture et de faire une première récolte en novembre 2022 ou février 2023. On va aussi ajouter un hectare d’Immortelles, pour avoir 7 hectares au total. L’Immortelle c’est notre produit principal, le Lavandin c’est pour essayer de varier et faire une distribution locale.

Quels sont les avantages à être en groupement ?

Les avantages ce sont l’entraide, la mutualisation des connaissances, du matériel et de la commercialisation. Quand viennent les récoltes chacune et chacun vient aider, donc nous n’avons pas besoin de main d’œuvre extérieure. Le groupement possède la récolteuse, que nous utilisons tous. Toutes les récoltes sont mises en commun avec les autres paysannes et paysans du groupement. On échange aussi des conseils, on est très actifs dans le groupement, on se rencontre régulièrement car on n’est pas très loin. Dans les PPAM tout le monde est nouveau, 80% sont des vignerons qui se diversifient.