Prospective 2040 : le commerce équitable pour booster le secteur

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Le Ministère de l’Agriculture a publié en août 2025, la prospective à 2040 pour l’agriculture biologique française qui présente 4 scénarios. Le Crédoc et le Ceresco ont rédigé cette étude qui s’appuie sur les tendances actuelles et les défis auxquels le secteur est confronté. Et notamment la crise de la filière bio depuis 2022 après deux décennies de croissance.

Depuis sa création, le label Bio Equitable en France met en place une démarche qui favorise l’émergence du meilleur scénario.

L’étude, disponible sur le site du Ministère, présente 4 scénarios :

  • Scénario 1 : le secteur bio non prioritaire 

Cette première projection fait état d’une priorité mise, entre 2024 et 2030, sur la croissance économique, le commerce international et sur la réduction des prix alimentaires. En 2040, le label bio européen n’existe plus. La bio repose alors sur la confiance et l’expertise des producteurs locaux, plutôt que sur la certification.

  • Scénario 2 : une « 3e voie » (HVE, ZRP, etc) triomphante et un secteur bio marginalisé

Les entreprises transnationales s’approprient les enjeux climatiques et développent des initiatives qui organisent une “3ème voie”. Le bio perd en visibilité et en notoriété. Le secteur ne se maintient qu’auprès d’un petit noyau de consommateurs et de producteurs. 

  • Scénario 3 : un standard bio « allégé » pour un secteur compétitif et généralisé

Les pouvoirs publics encouragent l’AB (taxes contre les intrants, aides vers des consortiums d’acteurs structurés, …). Le cahier des charges européen est assoupli. Le bio se développe fortement dans la consommation à domicile et en restauration collective.

  • Scénario 4 : vers une agriculture et une alimentation biologiques prédominantes

L’AB devient progressivement une priorité des pouvoirs publics en matière fiscale et d’éducation. Les preuves scientifiques de ses bienfaits pour l’environnement et la santé sont reconnues. La hausse des volumes permet des économies d’échelle. Les acteurs intégralement investis dans la bio prospèrent et une “bio augmentée”, plus ambitieuse, émerge. L’accès à une alimentation de qualité est facilitée pour tous…

Agriculture bio - (c) Markus Spiske
Agriculture bio - (c) Markus Spiske

Pourquoi le scénario 4 est la voie pour laquelle oeuvre le Label Bio Équitable en France ? 

Depuis sa création en 2020, Bio Équitable en France défend un modèle d’agriculture paysanne, écologique et durable. Nous sommes convaincus que l’allégement du cahier des charges européen n’est pas une solution pour favoriser le développement de la bio. En revanche, nous croyons au potentiel des économies d’échelle et à la quête d’un “manger autrement”, qui fait la part belle au vrac, aux produits de saison et qui limite le gaspillage alimentaire.

Il est pour nous essentiel de renforcer la confiance des consommateurs sur la qualité nutritionnelle, environnementale et sociale des produits que nous leur proposons.

Enfin, l’amélioration de la rémunération des agriculteurs bio est un critère essentiel. Le label utilise ce levier clé pour soutenir le développement massif et qualitatif de l’agriculture biologique.

 

Des points qui convergent entre le label et la prospective

Parmi les points clés pour le commerce équitable que nous défendons, et que l’on retrouve dans le scénario 4 de la prospective à 2040 pour l’agriculture biologique française : 

  • les actions de plaidoyers auprès des décideurs politiques ;
  • la mise en oeuvre de politiques publiques structurantes. Elle inclut la conditionnalité des aides, une fiscalité favorable aux producteurs bio et des lois en faveur des achats durables ; 
  • l’éducation des consommateurs et l’engagement de la société civile pour renforcer l’engagement collectif ;
  • la valorisation et la crédibilité de la parole scientifique sur les enjeux agricoles ;
  • l’accessibilité des produits de qualité grâce, par exemple, à la sécurité sociale de l’alimentation ;

Nous soulignons l’exigence d’une juste rémunération des producteurs bio pour soutenir ce scénario 4.

Cela passe par la construction de filières via les conventions multilatérales et le renforcement des organisations de producteurs autonomes. 

À noter : le scénario 4 prévoit que certains acteurs des filières conventionnelles refusent toujours de participer au développement de l’AB. Pour autant, notre expérience du terrain montre que les producteurs engagés en bio, lorsqu’ils peuvent vivre dignement, ne reviennent pas en arrière. Ils maintiennent et assument leur choix ! 

Enfin, le scénario 4 souligne l’autonomie stratégique. Il est, de notre point de vue, important de parler plus précisément d’autonomie alimentaire, effectivement cruciale pour les années à venir. Le commerce équitable origine France est un levier efficace pour améliorer cette autonomie au niveau français et européen.