19,1 milliards d’euros. C’est ce que coûte chaque année à la France une alimentation à bas prix selon l’Étude sur la création de valeur et les coûts sociétaux du système alimentaire français portée par le Secours Catholique et publiée en novembre 2024. Derrière le prix « low cost » des produits alimentaires, se cachent des rapports de force au sein du système alimentaire. Ces derniers ont des impacts négatifs pour la société. Et ce sont les pouvoirs publics, notre santé, notre environnement, les agriculteurs et agricultrices qui en payent le prix fort.
Heureusement, une autre voie est possible. C’est ce que prouve Bio Équitable en France en proposant un modèle de répartition de la valeur juste et équilibré entre les différents acteurs de la chaîne alimentaire. Pour dupliquer ce modèle de système alimentaire vertueux, les consommateurs ont un rôle essentiel à jouer.
Le vrai coût de l’alimentation « low cost »
Depuis les années 1950, la part de l’alimentation dans le budget des ménages a été divisée par deux. En apparence, cela semble être une bonne nouvelle dans un contexte où de nombreux foyers peinent à se nourrir correctement. Pourtant, l’étude révèle que cette alimentation “low cost” cache un coût bien plus élevé, supporté collectivement par la société.
Elle met en lumière trois grands types de coûts :
- Un coût social : de nombreux agriculteur.ice.s peinent à vivre de leur travail et exercent dans des conditions précaires et dégradées. Pressés par la concurrence mondiale, ils sont contraints d’augmenter leur productivité. Et cela souvent au prix de leur santé et de leur qualité de vie.
- Un coût sanitaire : les maladies liées à une alimentation déséquilibrée explosent. C’est le cas du diabète de type 2, qui touche aujourd’hui plus de 4 millions de personnes en France. L’essor des produits ultra-transformés – qui représentent 55 % de notre alimentation – contribue largement à cette épidémie silencieuse.
- Un coût environnemental : le modèle productiviste repose sur l’usage intensif de pesticides, d’engrais de synthèse, et de pratiques agricoles destructrices pour les écosystèmes. Résultat : des sols appauvris, une biodiversité en danger, de l’eau polluée, et des émissions de CO2 en hausse.
Ainsi, nous payons trois fois notre alimentation :
- À la caisse de nos supermarchés ;
- Via nos impôts qui financent les primes versées aux agriculteur.ice.s afin de compenser leur revenu trop faible ;
- À travers les coûts sanitaires et environnementaux que ce système engendre.
La répartition de la valeur, clé d’un changement de modèle
Face à ce constat, il est urgent de repenser notre système alimentaire. Et cela passe notamment par une répartition équilibrée de la valeur dans les chaînes agroalimentaires.
Aujourd’hui, le modèle dominant cherche à maximiser les volumes et les profits, souvent au bénéfice d’acteurs très puissants. Cette concentration du pouvoir économique permet à certains de dicter les prix, au détriment notamment des producteurs. Résultat : un système déséquilibré, où la création de valeur est inégalement répartie.
Mais une autre voie existe.

Bio Équitable en France : un exemple de système alimentaire vertueux
Les filières labellisées Bio Équitable en France incarnent un autre modèle. Les relations entre les acteurs de la chaîne de production sont construites sur la coopération, la transparence et une juste répartition de la valeur. Selon l’étude, ces chaînes dites « différenciées » ne représentent aujourd’hui que 8 % de la valeur des ventes alimentaires. Mais elles prouvent que c’est possible.
Dans nos filières, les producteurs sont impliqués dans la construction des prix. Ils bénéficient ainsi de prix stables et rémunérateurs, basés sur leurs coûts de production. Notre modèle leur garantit également des relations de partenariat longue durée et équilibrées avec les transformateurs et les distributeurs. Ainsi, chaque acteur a les moyens de vivre dignement de son travail. C’est cette structuration équitable qui rend ces filières plus résilientes, plus durables… et plus justes.
C’est par exemple le cas de notre filière Comté AOP labellisée Bio Équitable en France. Elle est citée dans l’étude comme emblématique d’une chaîne différenciée qui crée de la valeur sans coût caché pour la société.
Elle s’appuie en effet sur un socle de valeurs qui répond précisément aux enjeux posés par l’étude :
- Une production biologique qui respecte les cycles du vivant, préserve la fertilité des sols, protège la biodiversité et exclut les produits chimiques de synthèse ;
- Un prix rémunérateur garanti pour les producteurs, défini collectivement et en toute transparence, qui permet à chacun de vivre dignement de son travail ;
- Des dépenses marketing minimes : ce sont le produit et les savoir-faire qui sont valorisés plutôt que le packaging ou la publicité ;
- Peu d’emballage pour limiter les déchets et le gaspillage de ressources.
- Pas d’ultra-transformation du produit ;
- Un produit bon pour la santé, riche de ses qualités nutritionnelles, de son authenticité et de sa simplicité.
Vers un nouveau contrat social de l’alimentation
Enfin, cette étude révèle qu’un véritable changement ne pourra venir qu’en repensant les fondements de notre système alimentaire. Il est temps de prendre en compte le coût caché de l’alimentation à bas prix, et d’imaginer un nouveau contrat social de l’alimentation.
Un contrat grâce auquel les agriculteurs vivent décemment, notre alimentation contribue à notre bonne santé, et l’environnement est préservé.
Pour cela, nous pensons que les consommateurs ont un rôle clé à jouer. En soutenant les filières équitables et bio, ils peuvent devenir les déclencheurs d’un changement plus large.
Le système peut changer. Soyons-en les acteurs !